Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
Ateliers hors les murs
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Hors de l’école, une école autre.

Comment concilier son travail d’artiste et son désir d’enseigner en école d’art ? Quelque temps après mon arrivée à l’erb-a, je monte avec Claudie Floutier l’atelier "Je est un autre" qui s’appuie sur les partenariats avec des structures locales
existantes et pas uniquement culturelles. En 2007, je réponds à l’invitation de l’association "En cas où" —fondée par des artistes fraîchement sortis de l’école— pour lancer une première tentative de workshop au mois de juin, alors que les étudiants n’ont plus rien à prouver, leur année scolaire étant derrière eux. Depuis, chaque année, je renouvelle cette expérience "hors les murs" et pour des étudiants de premier cycle. Voici un bilan d’étape de cette initiative. Les acteurs principaux sont un petit groupe d’une douzaine d’étudiants de deuxième année, qui, jusque là, répondent à des sujets imaginés par leurs professeurs. Ici, pas d’exercice. Ils sont d’abord plongés dans un lieu qu’ils ne connaissent pas, à l’intérieur duquel ils n’ont pas de repère et sont guidés par un intervenant extérieur, qu’ils découvrent au fil des heures.
Pour ces projets, je fais le pari d’inviter des artistes que je ne connais pas moi-même afin de régénérer complètement le regard que je peux porter sur les étudiants : la comédienne Delphine Léonard à la Citadelle en 2012, Faïdos Sonore à la Rodia en 2011, la chorégraphe Caroline Grosjean dans l’ancien Laboratoire d’anatomie de l’hôpital Saint-Jacques en 2010, le plasticien-designer Raphaël Galley à la Maison du Peuple en 2009, la sculptrice Séverine Hubard à la Friche des Prés de Vaux en 2008, ou la chorégraphe Séverine Rième au Crous Veil Picard en 2007.
Chaque année, je fais fonctionner mes réseaux locaux pour trouver un lieu peu vu, jamais utilisé comme espace d’exposition. Si bien que lorsque le projet commence, étudiants et enseignant formons une équipe à égalité face à ces deux inconnues. Quelques jours suffisent pour un workshop. Ce qui s’y joue est intense ne serait-ce que par la continuité des séquences de travail qui s’enchaînent, hors du temps compté des cours. Les étudiants évoluent rapidement, les tempéraments que je croyais connaître se dévoilent en quelques heures grâce au travail de l’invité mais aussi grâce à des séquences de vie partagés qui s’installent naturellement. Dans ces lieux marqués par la petite ou la grande Histoire et dont le moindre objet est encore chargé de la mémoire collective le dispositif ressemble plutôt à un laboratoire et ce qui s’y passe de l’ordre de l’aventure humaine plus que du montage d’un événement artistique.
A mesure que chacun(e) intègre toutes les données nouvelles, apprentissage du langage artistique de l’invité, connaissance des lieux et des possibilités afférentes, de nouveaux enjeux apparaissent : il faut une patience extrêmement active et une modestie vraiment manifeste pour installer même temporairement un travail plastique juste, en réponse avec la charge d’émotion qui affleure partout. Les étudiants de premier cycle réussissent peut-être plus que leurs aînés parce qu’ils ne sont pas encore encombrés par une volonté de s’affirmer à tout prix en tant qu’artiste. D’ailleurs, le mot même d"exposition" est-il encore approprié dans ces lieux où la lumière pénètre peu et où ce qui se joue relève peut-être plus de l’intime que du spectacle médiatique ?
En 2012, je rencontre Eric Petitjean dans le cadre des rencontres théâtrales du Val d’amour qu’il organise chaque année avec sa compagnie de théâtre —Compagnie de l’étang rouge— à Mont-Sous-Vaudrey, une petite commune du doubs. Il souhaite collaborer avec l’Institut Supérieur des Beaux-arts et, l’année suivante, je lui propose que chaque participant-e travaille directement chez des habitants. Finalement, la proposition sera étendue à deux fidèles partenaires de la compagnie : le super-marché Super U, un foyer de vie pour personnes handicapées "Etapes". Manuel Daull, écrivain, a été notre guide attentif et bienveillant jusqu’à la présentation publique qui a eu lieu le samedi 8 juin 2013, sous forme d’une déambulation dans toute la ville.


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