15 novembre 2012.
Palais des sports de Besançon.
Exposition réalisée dans le cadre du Forum du Handicap 2012.

Artistes :
Arthur Babel, Maureen Colomar, Gérald Colomd, François Compagnon, Fabien Guillermont, Antonin Lagarde.

Commissariat : Laurent Devèze, Julien Cadoret.

Éloge de l’inattendu
On pourrait se demander ce que l’ ISBA fait dans un tel salon sur le handicap, l’on pourrait aussi s’interroger sur ce que cette question comporte d’intolérable implicite, à savoir par exemple que l’art connaîtrait des lieux où il n’ a pas sa place, particulièrement lorsque l’on traite de choses aussi graves et sérieuses que le handicap
« white cubes » et de leurs publics si souvent autorisés.
La raison qui les a poussés à vous proposer leurs premiers pas est bien la question du regard, question dont on sait à quel point elle reste au cœur de bien des difficultés liées aux handicaps.
L’art, et singulièrement dans ses formes les plus contemporaines, nous invite à éduquer notre regard, à sortir du stérile et binaire j’aime/j’aime pas pour épouser des formes plus dialectiques plus articulées du jugement.
Arriverons nous à voir une histoire d’amour se dérouler sans être aveuglés par le handicap de l’aimée ne remarquant que cela ? Arriverons nous à lire des bois brûlés comme autre chose que le simple résultat d’un accident passé ? Pourrons nous saisir la grâce de l’envol dans cet ange désarticulé et doté de curieuses prothèses ? En bref, Finirons nous enfin par changer notre regard vis à vis de ce qui peut nous surprendre par sa singularité ; quand donc arriverons nous à saisir que le Différent nous enrichi infiniment plus que le Même ?
Des questions que posent avec acuité l’ art contemporain et qui sans doute sont susceptibles dans un salon sur le handicap et son accompagnement de trouver quelque écho.
Or précisément l’art, et sans doute depuis ses origines, chemine souvent aux côtés de ceux dont le corps ou l’esprit les distinguent de la majorité des autres.
Ainsi, pourrait-on naturellement convoquer ici des figures majeures telle celle du vieux Michel Ange devenu aveugle après l’aventure de la Sixtine ou encore celle du génie impertinent de Toulouse Lautrec ou de l’invraisemblable courage de la si belle Frida Kahlo. Et comment en cette Franche-Comté si indispensable à notre arc jurassien ne pas citer les compagnons d’infortune de Séraphine de Senlis ou d’Oreste Nannetti, combattants fameux de l’Art brut cher à Dubuffet ? Art brut dont la brutalité est surtout celle ressentie par les tenants du bon goût et du préjugé.
Mais l’héritage de cette prestigieuse histoire n’ est pas le seul argument qui légitime notre présence en ce salon, les jeunes créateurs qui ont accepté de relever ce qui est toujours un défi à savoir exposer et s’exposer hors de la familiarité tranquille des
Laurent Devèze.