Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
Exposition // Tentations ou l’art de Vouivre
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DU LUNDI 2 NOVEMBRE 2015 AU DIMANCHE 31 JANVIER 2016.
Musée Comtois, Citadelle, Besançon.

Vernissage le samedi 7 novembre 2015, 11h00.

Artistes :
June Balthazard / Dominique Bouteiller / Marguerite Bobey / Claude Boudeau / Anita Cassi / Maureen Colomar / François Compagnon / Gérald Colomb / Benjamin Desoche / Mélissa Didier / Maxime Duchanoy / Claire Girard / Bérangère Goux / Lucie Ponçon / Alexis Robert / Xi Wen Yang / Yoshitaka Yazu / Gina Ycossie.

Commissariat : Laurent Devèze / Julien Cadoret.

Tentations ou l’art de Vouivre.

Lorsque le Musée comtois nous a demandé de réfléchir à l’héritage contemporain du célèbre conte de la Vouivre, un rapide tour de nos ateliers de l’ISBA nous a convaincu de la faisabilité de cette belle proposition.
En effet, français ou étrangers, étudiants actuels ou anciens élèves ; tous sont nombreux à avoir revisité explicitement ou indirectement cette figure de la tentation, du bijou fascinant ou du corps qui par sa sensualité hors du commun peut conduire à notre perte. Aussi les pièces présentées ici empruntent à différentes disciplines : dessin, sculpture, installation, céramique, vidéo, photographie, performance, etc. et entrent chacune à leur manière, « en résonance » avec ce thème de la perdition, qui, des sirènes d’Ulysse des anciens Grecs à la Loreleï des contes germaniques trouvent dans la Vouivre comtoise un singulier accomplissement. La vitalité et l’abondance de jeunes travaux inspirés par la Vouivre prouvent s’il en était besoin « l’efficacité anthropologique » de ce mythe bien connu.
La Vouivre attirerait donc encore les jeunes artistes imprudents...

LD.

La plus belle et dangereuse légende comtoise.

La Vouivre est l’une des plus célèbres légendes de Franche-Comté. Elle est mentionnée depuis le début du XIXe siècle dans de nombreux recueils de contes et croyances populaires. Ils attestent un ancrage profond et particulièrement répandu dans tout le secteur jurassien y compris en Suisse romande. Elle est plus modestement connue dans d’autres régions comportant suffisamment d’étangs pour être propice au développement de légendes faisant intervenir un être aquatique (la Bresse, les Dombes, le Val d’Aoste, la Savoie, la Saône et Loire, Le Bourbonnais, …).
Cette croyance populaire est directement issue de l’iconographie symbolique médiévale : le dragon, la sirène, le serpent ailé…qui sont généralement décrits avec un caractère nettement féminin. L’étymologie du nom est particulièrement révélatrice. « Vouivre » est issu du verbe latin vivere : vivre et du nom latin vipera : le serpent, la vipère. En ancien français le mot serpent était d’ailleurs du genre féminin : la serpente.
Les éléments clefs du mythe sont ainsi réunis : A la fois dragon, femme et serpent, fascinante et redoutable, la Vouivre est l’expression de la tentation et de l’angoisse qui s’y attache.
C’est Désiré Monnier qui la détaille pour la première fois par écrit en 1818, dans son Essai sur l’Origine de la Séquanie. Dès lors, sa description de l’être fantastique tient lieu de référence pour les romanciers, conteurs, poètes et artistes qui ont su s’en emparer avec talent : Serpent ailé, elle traverse la nuit comme un trait de feu et porte au front une escarboucle qu’elle dépose sur la rive quand elle va boire ou se baigner ; celui qui pourrait alors s’emparer du joyau serait à jamais riche et heureux.
Aujourd’hui cette légende, véritable patrimoine immatériel de notre région, ne demande qu’à vivre au gré des créatifs qu’elle inspire. Pour le Musée comtois, le talent des jeunes artistes de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon semble particulièrement adapté pour la faire vivre le temps d’un hiver à travers une exposition d’art contemporain. 

Lionel François, conservateur du Musée comtois.


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