Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
Exposition // Symposium
0 | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8

Du vendredi 26 mai au dimanche 17 juin 2017,
Circuits and Currents
Project Space of the Athens School of Fine Arts,
Notara 13 & Tositsa, Exarcheia, Athens, Greece.
Vernissage le jeudi 25 mai 2017, 20H00.

Commissariat : Laurent Devèze, Julien Cadoret.
Artistes :
Thomas Perrin, Claude Boudeau, Andreas Pashias, Nycolina Stylianou, Giorgos Moraitis, Félix Basset, Fabien Guillermont, Quentin Lacroix, Mégane Brauer, Rilène Markopoulou, Eva Giannakopoulou, Apostolos Plachouris, Myriam Grosso, Rodolphe Melloul, Maxime Duchanoy, Gérald Colomb.

SYMPOSIUM

Travailler en étroite coopération avec l’Ecole des Beaux-Arts d’Athènes (AFSA) nous a paru il y a huit ans déjà à l’ISBA comme une évidence.

D’une part parce que nous vivons dans un bâtiment moderniste conçu par le disciple le plus proche de Le Corbusier, José Luis Sert, celui-là même qui dit-on a rédigé pour son Maître la fameuse Charte d’Athènes, signée dans un immeuble de la place Exarcchia.
L’ISBA avec son aspect méditerranéen, ses murs percés de larges baies, ses patios et ses coursives, apparaît, en effet, à nombre de visiteurs comme une île grecque égarée en pleine Franche Comté, impression que sa blancheur plus récente rehausse encore.
C’est d’ailleurs en partie cette origine qui participe à la dynamique d’un de nos professeur Rainer Oldendorf invité cette année à la Dokumenta.

D’autre part, plus que son habitat, l’Institut Supérieur des Beaux-Arts qui fut le siège de l’Esthétique Industrielle lancé par Charlotte Perriand qui y enseigna des années, entretient avec le monde du travail des relations spécifiques.
Sise dans un des hauts lieux du mouvement ouvrier (Besançon, qui a vu naître la pensée anarcho-syndicaliste française, Fourier Proudhon et Considérant naquirent en ville ou dans ses environs, fut en effet aussi le siège d’une lutte emblématique car autogestionnaire, celle des Lip dans les années 70) , l’école bisontine dispose non seulement d’ateliers fer, bois, d’un plateau impression, d’un espace vidéo et photo, de vastes lieux d’exposition professionnellement équipés qui s’égrènent le long d’une « rue » voulue par José Luis Sert sensée relier l’université à une zone économique, mais poursuit également une réflexion conceptuelle qui prend en compte ces réalités.
Cette porosité aux soubresauts historiques des mondes économiques, politiques et sociaux, porosité qui s’incarne d’ailleurs dans la définition même de notre pôle de recherches, « Fronts et Frontières », ajoute ainsi encore à notre volonté de travailler avec l’école d’art d’un pays, la Grèce, qui a vu la réflexion démocratique naître au monde et qui dans son histoire récente démontre quotidiennement la possibilité d’un art sinon engagé du moins situé au sens sartrien du terme.
Il ne s’agit pas, on l’aura compris, d’être animé ici, d’un exotisme de la crise aussi odieux qu’inopérant, mais bien de la certitude qu’entre nos deux histoires récentes un dialogue peut s’engager aidant à confronter ou faire se répondre des stratégies d’établissements qui ont en commun de refuser de renvoyer la situation politique au simple statut de décor ou de sfumato.
Nous sommes des écoles dont l’horizon historique est fait de lutte et de combat tout autant que de la revendication de l’acquisition de savoir-faire de haut vol.

Enfin, comment ne pas évoquer ici également le rôle capital qu’a joué et jouent encore les grands textes antiques dans la formation des citoyens que nous tentons d’être ?
.
Eclairé par des écoles critiques fameuses qu’évoquent des noms comme Michel Foucault, Pierre Vidal-Naquet ou Jean-Pierre Vernant cette pensée grecque qui dégagea de la sphère religieuse où il était jusque-là cantonné le concept d’art lui-même, concept dont nous sommes encore aujourd’hui largement héritiers, exprima également et sur des sujets aussi vastes que la tyrannie, la justice la beauté ou la sexualité, des pensées si profondes qu’elles semblent constituer , pour quiconque veut traiter sérieusement de ces questions, une somme de références qu’on ne saurait ignorer.
L’enseignement de l’Histoire des Arts, de la Philosophie et de l’Anthropologie ou de la Sémiologie occupe à bon droit une partie importante de nos cours et convoquent chacun quasi quotidiennement ces auteurs hellènes ou leurs commentateurs les plus contemporains.

En somme, et hélas peut être plus que jamais, la phrase célèbre du Husserl de « la Krisis » qui voyait avec angoisse une Europe « fatiguée de produire » se confronter aux fascismes les plus belliqueux, ne cesse de résonner à nos consciences d’aujourd’hui : « l’Homme est né en Grèce ».

De nombreuses épisodes : résidences, expositions, diplômes et conférences communes émaillent notre histoire d’amitié qui scelle de façon profonde le destin de nos deux établissements ; c’est de cet ensemble de projets visuels, ce chassé-croisé de créateurs dont nous avons voulu témoigner par cette exposition franco-grecque de jeunes créateurs.

LD


Institut Supérieur des Beaux Arts de Besançon I 12, rue Denis Papin, 25000 Besançon I T. +33 (0)3 81 87 81 30