Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
Événement // Back To The Trees // Bois d’ambre, Saint-Vit
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SAMEDI 30 JUIN 2018,
18H00-1H00,
Bois d’ambre, Saint-Vit

Fron(t)daisons

La forêt fut longtemps le lieu des révoltés.

A l’écart des remparts les Robins et autres tire –laines médiévaux rejoignent dans notre imaginaire les maquisards ou les zadistes .

Il ne s’agit pas ici d’énoncer des équivalences ou d’afficher un anachronisme de la pire espèce mais plutôt de souligner que la forêt accueille avec une bienveillance toute naturelle les réprouvés du système en place, tous les « hors remparts » en quelque sorte.

Cabanes des Neg’ marrons de Guyane ou isbas bricolées des trappeurs sibériens fuyant la Kolyma, ces caches ombragées en disent long sur la vocation de la forêt d’accueillir la parole en lutte.

Mais plus que la nécessité de trouver un refuge à l’abri des regards de l’ordre, Il s’agirait aussi de remonter le temps ; en somme , de nier l’évidence du cours des choses et de réécrire une autre histoire.

Si les chasseurs-cueilleurs sont devenus des éleveurs « protégés » l’on pourrait imaginer que ce retour à la forêt est une tentative symbolique de réécrire l’histoire, une autre épopée serait alors possible où les villes et les Etats seraient d’avantage des communautés que des pyramides, des entités plus soucieuses du bonheur que de garantir le bien-être et la propriété pour reprendre la célèbre distinction aristotélicienne.

Revenir aux arbres pour refonder les villes en quelque sorte. Repartir à zéro disent les enfants ou le Gébé de l’an 01 ; la référence s’impose en ces temps du cinquantenaire de mai 1968.

Revivre tout nu dans les futaies et les hautes fougères pour revivre l’Eden avant la chute et se dire que sortir couvert ne veut pas dire forcément recouvert , enseveli sous le lourd manteau des sociétés disciplinaires devenues aujourd’hui clairement société du contrôle. Et, un jour, au creux des sous-bois, l’on sera heureux que « rien ne passe » et que l’on abandonne le sacro-saint portable pour oser des échanges réels : c’est quand « rien ne passe » que « ça se passe » dirait-on parodiant volontiers Lacan.

La forêt est lieu d’utopie et d’invention et du Monte Verita au Black Mountain College l’on s’est retiré des cités en fureur pour imaginer un enseignement sans contrainte institutionnelle

Ainsi si cette édition semble inquiète du bruit du monde, soucieuse par exemple des autres « back to the trees » qui de Kossovo en Bangladesh s’écrivent par forêts interposés, elle ne manifeste pourtant aucune hégémonie ni ne réclame aucune préséance.

Nous souhaitons juste établir le constat d’un essaimage qui finalement nous rassure : les bois du Tout-monde ne sont pas vidés des peuples en lutte . L’environnement n’est pas un décor et Spinoza n’en finit pas d’avoir raison contre Descartes : l’homme n’est pas un empire dans un empire.

Ecologiquement parlant tout ce qui arrive à la forêt nous touche un jour ; aussi espérons nous culturellement que ce qui se dira et se montrera à l’abri des grands arbres vous touchera également de jour comme de nuit de discussions en enchantements.

Conçu par Elektrophonie et l’ISBA avec la complicité de nombreux partenaires dont cette année la municipalité de Saint Vit et l’agglomération du Grand Besançon, notre Back to the trees vous invitera à une déambulation toute pleine de surprises sonores et visuelles et nous rappellera, Rousseau n’est jamais loin de nous , que l’odeur de la chlorophylle est souvent celle de la liberté.

Espérons donc que La Forêt d’Ambre saura cette année vous attirer toujours plus nombreux et fervents, tous les espoirs sont permis car après tout, les Grecs aux Bois Sacrés ne nommaient-ils pas l’ambre « elektron » (ἤλεκτρον) sensibles à ses propriétés centrifuges ?

LD.


Graphisme : Guillaume André.


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