Le 1er juillet 2017,
de 18h00 à 00h00, Chamblay.
https://www.backtothetrees.net/
A l’abordage !
« Back to the Trees » VI
« Hardi, hardi …Rad’li d’Chamblay
Hardi les chies dans l’eau d’la Loue »
(R Francioli-T Rutkowski)
« Comme je descendais les fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus sur des poteaux de couleurs. »
(A.Rimbaud, le Bateau Ivre)
Cette sixième édition de « Back to the Trees » doit autant à la constance qu’à la nouveauté.
Constance tout d’abord en ce qu’elle représente le quatrième avatar de cette curieuse entreprise conçue par Lionel Viard dans le cadre du festival de musique de Besançon il y a maintenant six ans et poursuivie en forêt de Chaux ces deux dernières années.
Mais, nouveauté aussi car même si la manifestation repose toujours et encore sur la complicité active d’Elektrophonie et de l’ISBA, elle a choisi en quelque sorte cette année l’eau au lieu du feu.
En effet, c’est la rencontre avec la communauté de communes du Val d’Amour et en particulier du village de Chamblay et de ses fameux radeliers, qui maintiennent vivace la tradition de la navigation des bois sur la Loue, qui nous a incités, cette fois, à poser micros et cimaises dans cet espace magnifique et légendaire du méandre abandonné, dit « la Morte des Fontaines ». C’est donc dans ce lieu pluriel que nous vous invitons ce samedi 1er juillet 2017 à partir de 18 heures à déambuler d’installations sonores en expériences visuelles en tous genres dans un paysage forestier et champêtre, tantôt marais, tantôt champs ouverts, avec toujours l’omniprésence de cette eau tumultueuse qui apporte une constance aussi cristalline que musicale à notre « Back to the Trees IV ».
Les artistes, cette année encore, ont répondu présents à notre invitation à en revenir aux arbres, non comme l’expression de quelque nostalgie réactionnaire mais bien plutôt comme l’aspiration à un indispensable ressourcement.
Nos existences citadines ou rurbaines nous ont souvent coupés de ces moments indispensables de contemplation et d’écoute, de ces parenthèses, ces « épochès » dont les Anciens disaient qu’elles permettaient à la pensée de s’affranchir des obligations du quotidien pour mieux en saisir la vérité. Promenons-nous dans les bois pour congédier les loups qui nous oppriment en quelque sorte.
Mais cette aventure pour être fructueuse ne peut pas être une escapade de petits marquis ou de bergères façon « Hameau de la Reine », elle doit oser la prise de risque. Celle du climat d’abord et des caprices de la météorologie, celle des impondérables techniques liés à l’ « inconfort » de la situation, celle de la confrontation d’œuvres sans concession avec un public de promeneurs pas souvent familiers des audaces de la création contemporaine.
Toutefois, ce sont précisément ces prétendues limites de notre exercice qui en fondent la légitimité voire l’impérieuse nécessité. Echapper au studio, à la galerie, oser se frotter aux bruits naturels, aux frondaisons, au soleil sauvage, aller au-devant de badauds attirés plus par l’occasion d’une randonnée que par les œuvres elles-mêmes et faire comprendre, ou plutôt faire éprouver, ce que peut avoir de magique cette fusion des arts et de la nature arborée, telles sont précisément les ambitions qui nous animent, dans un partage d’expériences concrètes plus que par les opérations de médiation qui ensevelissent hélas souvent les œuvres sous des commentaires extérieures fussent-ils bien informés.
Cette année encore, nous aspirons à attirer le promeneur non pour l’instruire mais pour vivre avec lui des émotions impréparées, celles que seuls les arbres et leur nuit, la rivière et ses berges, les radeaux et leur mystérieuse navigation ont le secret.
Personne (et surtout pas les commissaires organisateurs !) ne savent ce qui adviendra exactement de ce « déplacement » qui doit autant à la géographie qu’à l’histoire ou la métaphysique, et dont ils assument sans réserve ce que Michel Foucault appelait « l’hétérotopie » ; une mise à distance spatiale et temporelle qui nous fait vivre ensemble une expérience singulière festive et pour tout dire en recherche d’inassignable, comme un maquis , une « jungle » ou une cabane d’enfant.
C’est d’ailleurs à l’auteur des Mots et les Choses que l’on emprunterait volontiers sa conclusion faisant de nos complices radeliers les corsaires de cet autre lieu et temps qu’est Back to the Trees VI :
« Dans les civilisations sans bateaux les rêves se tarissent, l’espionnage y remplace l’aventure, et la police, les corsaires. »
LD
Programmation :
Archives
Les ramures d’un arbre et ses plus jeunes rejets ne se conçoivent pas sans les racines qui les nourrissent et les ont précédés dans la gestation de la plante. Il nous semble donc légitime dans une logique toute forestière de rendre chaque année hommage aux éditions précédentes, qui sont comme autant de raisons de poursuivre plus avant notre combat.
Fabien Guillermont
The weight of shame
Installation
Fabien Guillermont entretient avec les Métamorphoses d’Ovide et les mythes fondateurs de nos sociétés une relation toute particulière. Qu’il soit Minotaure et Erysichthon, l’homme-animal est dans la forêt dans son élément de prédilection. Risquant à tout moment de se rompre le cou par la lourdeur de ses bois, il en est d’autant plus héroïque de poursuivre son chemin.
Julien Zoh Nihouah
Sans titre
Installation
Julien Zoh a le secret des anciens synchrétismes, ses totems illustrent moins une appartenance tribale exclusive qu’ils ne nous entraînent sans restriction à laisser notre imaginaire « animé » des bois morts qui ne sont défunts qu’en apparence.
Thomas Perrin
Barque
Volume
Thomas Perrin « a l’embarquement pour Cythère » modeste. Son canoë de béton joue des apparences comme de son pouvoir symbolique d’évocation. Naviguer sur un bateau de pierre ou se laisser aller à contempler une épave échouée devenue minérales sont autant de possibilités laissées au visiteur.
Gérald Colomb
Cohésion
Sculpture
« Le gisant de Gérald Colomb » a accepté de quitter, spécialement pour « Back to the trees 6 », la hauteur de son socle pour emprunter l’évocation des bûchers funéraires. Du Patrocle d’Homère aux cérémonies de Bénarès, la pierre ouvragée défie le temps et nous oblige à une sorte de recueillement mystérieux.
Robin Davourie
Crack
Peinture
La peinture, spécialement peut être en Franche-Comté, a, par ses plus grands maîtres, toujours entretenu un rapport privilégié au paysage. Oser remettre la représentation, même la plus abstraite, dans un extérieur choisi permet d’en mesurer toute la force.
« Bonjour Monsieur Davoury » en quelque sorte…
Jenny Feal
Tu imagines
Vidéo
De Cuba, son île natale, Jenny Feal a gardé la complicité d’avec les hommes simples. Ceux qui savent le langage de la mer qu’Hemingway admirait tant. Ces pêcheurs nocturnes composent un ballet de formes, de couleurs et d’attitudes dont elle a su saisir toute la
poésie.
Gilles Malatray - Desartsonnants
Écoutez y’a quelque chose qui cloche !
Installation sonore
avec la voix de Stéphanie Lupo
Des arbres tintinnabulants, des feuillages qui sonnent, sans parler d’Écho qui cherche désespérément sa voix… Vous avez déjà entendu pareilles choses par ici ? Et bien, tendez donc un peu l’oreille pour voir.
ChapChap Ink
Et la lumière fut
Installation
ChapChap Ink sait le secret des spectres qui, de lambeaux accrochés aux ramures, deviennent des danses de lumières, renouant par-là avec la très antique vision humaine des arbres : la chose qui touche de sa tête les étoiles et dont les pieds se confondent avec l’empire des morts.
Jeanne Dupuy
Des comptines de notre enfance à l’art de la promenade chez Jean-Jacques Rousseau, la venue en forêt coïncide souvent avec l’attention portée aux toutes petites choses. Ce que l’on considère comme insignifiant, l’artiste sait le révéler comme l’essentiel et jamais promeneur n’est plus attentif à l’humus que lors d’une cueillette de champignons.
Olivier Toulemonde
Le Tube
Installation sonore
Le Tube propose de faire revivre l’expérience de Dom Gauthey, qui consistait, en 1782, à transmettre un message à plusieurs lieues de distance, au travers d’un long tuyau métallique. A l’ère de la communication à outrance, ce parlophone archaïque vous permet de rentrer en contact et d’échanger avec l’Autre Côté. Comme un passage, une brèche à travers l’espace et le temps.
(Avec le soutien de la DRAC Bourgogne–Franche-
Comté et de la Fondation Saint Gobain).
Guy Freixe et Christine Douxami
Ode à la Mer
Avec : Christine Douxami, Aurelien Deque, Léo Debois, Philippe Degaille, Délia Georges et Théo Pierrat
Cette année encore, le département Art de l’Université de Franche-Comté nous fait l’honneur d’accompagner notre escapade forestière. Christine Douxami et Guy Freixe s’installeront à l’ombre des sous-bois pour évoquer ce que la parole théâtrale doit à la nature, à ses ombres, à son silence comme à ses cimes et à ses chants.
Quentin Lacroix
Performance
De curieuses créatures habitent les bois de nos légendes, aux corps fusionnels avec la terre et les feuilles surgissant dans les comédies de Shakespeare comme les opéras de Mozart ou la surprise d’un éclat de lune. Mais le secret de tel faunes, ne réside-t-il pas dans cette vérité antique : on ne connaît la nature qu’en s’unissant charnellement à elle ?
Paul Nicole
L’on voudrait sans doute à tort résumer l’art des cabanes à celui des enfants, oubliant que ce refuge fut le nôtre durant des millénaires et abrite encore des millions d’hommes de par le monde. Avoir le secret de ces bâtisses modestes est sans doute également l’expression d’une mémoire très profonde qui tente d’entretenir avec la forêt un rapport qui exclut toute domination ou intrusion blessante.
Corsin Vogel
Track to the Bees
Installation sonore
Au-delà du jeu de mot avec l’intitulé du festival et qui fournit ipso facto le sujet de l’installation, Track to the Bees fait référence à un enregistrement du compositeur Luc Ferrari (1929 — 2005). On y entend l’artiste marcher, microphones à la main, vers une ruche, jusqu’à être totalement enveloppé par une nuée d’abeilles. Corsin Vogel nous propose une relecture électroacoustique de cette envoûtante expérience à travers un cheminement immersif et physique vers une étrange ruche sonore.
Nushy Soup
Sans titre
Installation vidéo
Nushy soup se propose de rendre vivants les chimères et les songes que l’on a tous partagés à un moment lorsque le vent ou la lumière de la lune semblait dessiner dans les frondaisons des spectacles touchants ou alarmants.
Claude Boudeau
Sans titre
Performance
Claude Boudeau considère la performance comme une ordalie. Sorte d’épreuve initiatique dans laquelle on ne saurait jouer ou mentir. Souvent risquée, parfois discrète, l’oeuvre de ce jeune artiste entretient particulièrement avec la nature une relation d’initié que n’auraient pas dédaignée les jeunes ilotes ou les adolescents zoulous.
Thierry Boucton, Nicolas Waltefaugle et Guillaume Mougenot
ORIGIN
Installation plastique et sonore
ORIGIN est un dispositif autour de la question du temps et de l’espace.
Un retour à la source et du chemin parcouru de l’eau de la Loue comme véhicule. Géographie, cartographie, topographie, situation. Nous sommes bien dans un paysage de compréhension mais pas seulement… au-delà, une ouverture sur un territoire qui serait plus celui de l’ordre de la contemplation.
Retenir, transporter, transformer.
Archives Maquis
Il y a plus de soixante-dix ans d’autres jeunes gens, garçons et filles, de tous milieux et de toutes confessions, roses et résédas, se trouvaient dans les bois, qu’aujourd’hui nous leur empruntons. Il s’agissait alors moins d’illustrer la liberté que de la défendre les armes à la main contre la peste brune. L’on sait pour peu qu’on ne joue pas les amnésiques ce qu’on doit à ces souffrances et à ces victoires. Il nous a semblé nécessaire de rappeler en nos temps que nous ne prenions pas la forêt pour une cimaise.
Chloé Guillermin et Alexandra Jouffroy
Pamela Dionaea Muscipula
Performance
La forêt comtoise particulièrement en ses bords de rivières a su donner naissance aux mythes de créatures amphibiennes et ludiques, tentatrices et fascinantes que nos deux artistes se proposent de réactiver sous une forme toute contemporaine.
Jeune fille abandonnée par le cheval Gauvin ou vouivre de la pire espèce, le visiteur choisira.
Antonin Lagarde
Projet Phoenix
Installation
La pièce d’Antonin Lagarde pourrait ici se nommer « retour à l’envoyeur », ces bois brûlés qui renaissent, tel le bâton de Tannhäuser, semblent retourner sur leurs pas, saluant leur origines « du temps où ils étaient verts ». Toutefois, la lecture métaphorique a un double d’actualité tragique et les troncs calcinés se dressent aussi accusateurs devant les hommes inconscients responsables directement ou indirectement des feux immenses qui dévastent les forêts du globe.
Ben Farey et Benoît Favereaux - Collectif Tricyclique Dol
Grenouilles
Installation sonore
Une installation sonore faisant partie du spectacle Contre Nature où on entend au loin des grenouilles qui croassent dans les roseaux de façon à priori banale et normale jusqu’au moment où...
Clémentine Jolivet / Pierre-Jean Heude / Mickaël Valet - compagnie sisMa
Vivarihomme
Le spectacle-performance Vivarihomme s’amuse à questionner l’artificialité des processus de « retour à la nature ». À mi-chemin entre l’élevage d’hommes des bois et l’expérience de forêt-réalité, Vivarihomme rappelle tour à tour les expositions universelles et les spectacles de Freaks, jouant du trouble entre le réel et la mise en scène. Partant de l’oeuvre de l’artiste plasticien-sans-plastique Mickaël Valet qui crée des oeuvres en les vivant et en pratiquant l’immersion en quasi-pleine nature, Vivarihomme met en forêt un homme, retourné à l’état de nature.
OVNI
Sans titre
Volume
C’est souvent dans des champs anonymes ou des bords de routes de campagnes que se posent inopinées les nefs des extraterrestres. Les rapports de Gendarmerie fourmillent de ces témoignages d’OVNIS soudainement débarqués dans des lieux peu fréquentés comme les clairières de nos sous-bois. À bien y réfléchir, l’arrivée des artistes dans ces futaies tranquilles ou ces champs innocents a quelque chose à voir avec l’insolence de ces petits hommes verts qu’on n’attendait pas, qu’on souhaite le plus souvent voir repartir très vite mais qui savent parfois nourrir les légendes urbaines !
Robin Davourie
Sans titre
Installation
Parfois, des jeux d’enfants, à l’instar de Calder ou de Miro, peuvent porter un artiste jusqu’au sommet de sa création. Les villages imaginaires de Robin et de son frère dessinent au fil des berges les visages de l’utopie sans laquelle aucune architecture, aucun urbanisme ni aucune oeuvre d’art n’est réellement pensable. Hétérotopique et joyeux, le pâté de sable nous fait rêver comme sur d’invisibles toiles.
Futaie Futée
Sans titre
Installation sonore
Plusieurs arbres magiques délivrent un curieux message : celui émanant des plus grands écrivains et penseurs qui, de l’Antiquité à nos jours, ont écrit sur les arbres. C’est l’oreille collée à leur écorce que l’on entendra notamment le malheureux chêne de La Fontaine rivaliser d’intérêt avec le non moins célèbre marronnier de La Nausée de Sartre.
Benjamin Desoche
Jusqu’ici tout va bien !
Bois, marqueterie, 2017
L’on considère d’ordinaire la marqueterie comme l’art le plus sophistiqué de l’ébéniste. Pourtant, il ne faudrait pas taire le chatoiement des essences sans lequel elle ne serait qu’une surface plane et morne. Chaque marqueterie est comme une forêt ou du moins un bosquet qui regroupe toutes sortes d’arbres en son sein que l’homme ne peut sans doute que vaciller en les découvrant.
Mischa Sanders
Sus Scrofa
Sculpture
Mi-trophée mi-golem, la bête de Misha anime la terre d’une présence mystérieuse.
Dans un univers de bois, de terre et d’eau, cette oeuvre dont le caractère monumental ne doit pas nous faire oublier la délicatesse du savoir-faire à son origine, semble à elle seule incarner l’idéal de Back to the Trees : faire corps avec la nature pour que naissent ou renaissent nos imaginaires libérés de tous les préjugés urbains.
Jay Fox
Go love a tree
Performance
Jay Fox a gardé des antiques chamanes leur capacité à exprimer leurs pensées en rituels. En particulier, lorsqu’il s’agit de saisir toute la complexité du rapport que l’homme entretient avec les profondeurs humides de la nature, ce corps naissant convulsivement dans une souille primitive et qui devient par la magie de l’artiste un demi-dieu généreux et lumineux.
Sébastien Chaperon
Confession
Acier, 2017
Les promenades en forêt sont souvent propices aux propos secrets ou aux confessions intimes. La curieuse construction de Sébastien Chaperon semble inviter à un recueillement partagé, à l’échange de paroles amies proférées sans fard ni retenue. Une invitation aux verbes libres en quelque sorte.
Gérald Colomb
Les trophées de Gérald Colomb semblent devoir plus à la conquête érotique qu’à la chasse proprement dite, toutefois, si avoir la peau de quelqu’un signifie souvent son meurtre, l’on pourrait aussi y lire l’extrême ambition du sculpteur qui veut rendre jusque dans ses détails intimes l’être de son modèle par la finesse de son
épiderme.
Pierre Balandier
Bâtons
Installation
Taillées dans des sapins de Noël abandonnés, les arbres de Pierre Balandier semblent plus devoir aux gangs de Détroit, sa ville d’adoption, qu’aux bûcherons de la forêt de Gâtine de Ronsard. L’arbre, la forêt ont longtemps été synonymes de javelots, puis de marines de guerre. Plantés par le pouvoir en son sommet, les bois étaient censés par leurs étendues et la beauté des spécimens qu’ils accueillaient démontrer la puissance du royaume. Les battes de Baseball de Pierre Balandier rejoignent ainsi curieusement le vieil arbre d’Athéna déesse de la sagesse certes mais aussi de la juste guerre.
Clémence Culic et Camille Beaucher - L’Écoutille
À Chamblay dans les bois
Évocations sonores picorées à demi-crocs stéréo.