LIVRET DE L'ÉTUDIANT 2017 / 2018
LE MOT DU DIRECTEUR
LInstitut Supérieur des Beaux Arts de Besançon est une école supérieure darts visuels qui prépare à deux DNSEP/Masters en arts et en communication visuelle. Le projet détablissement qui mobilise lensemble de léquipe éducative (enseignants-artistes, chercheurs, intervenants, assistants, moniteurs et équipe technique ou administrative) sinspire de deux grands principes et peut se présenter comme le développement de trois objectifs essentiels:
Les deux principes qui légitiment notre action concernent notre volonté dassumer deux grandes tensions celle,
en premier lieu, qui existent entre le désir dancrage territorial et celle dune toujours plus grande ouverture sur le monde. Le second dêtre une école dexcellence qui ne soit pas un lieu dexclusion.
Le premier pouvant se résumer sous le vocable anglo-saxon de « glocal » qui signifie dans une logique de pensée que ne désavoueraient pas Edouard Glissant ni Kenneth White qui signifie quen étant pleinement soi même, on ne peut que se reconnaître que comme un « homme-carrefour » ouvert à tous les vents culturels. De même létablissement en tant quinstitution bisontine pluriséculaire ne saurait se désolidariser dune ville et de son destin historique qui de terre de naissance de Hugo, Fourier, Proudhon ou Courbet et de Lip au CLA ne cesse de produire œuvres et actions qui tendent à suniversaliser comme références. Aussi sommes nous cosmopolites parce que franc-comtois et bisontins en quelque sorte. Louverture se fait alors fidélité à soi-même.
Le second principe signifie quen aucun cas la recherche dexcellence, et les chiffres de nos concours en attestent suffisamment la réalité, ne saurait se choisir comme synonyme la volonté dexclusion sociale. Au contraire, la création en art ou en graphisme ne se conjugue jamais aussi bien quen se nourrissant dapports individuels non
formatés. LISBA nest pas lécole dun style ou dun profil délèves, pas plus que notre pédagogie ne sinspire dun pseudo darwinisme qui ne retient de lorigine des espèces que son aspect lutteur et éliminatoire, le fameux
«struggle for life» spenglerien. Lisba comme son homonyme russe est une maison commune où chacun est amené à se retrouver, quelle que soit sa provenance ou ses difficultés et où ni condition détude ni âge ne sont requis comme préalables.Nos classes en somme ressemblent à la vie réelle et nous parions quun créateur voit sans doute mieux le jour dans cet environnement bigarré et chatoyant que dans le morne agencement dune fabrique de purs sangs.
Ceci posé nos trois priorités peuvent sexprimer alors clairement de la manière suivante:
1 - UNE RECHERCHE-CRÉATION STRUCTURÉE
Du livre célèbre du géographe diplomate Michel Foucher nous avons tiré le titre de notre pôle fédérateur de recherche: Fronts et Frontières. Celui se déclinant selon trois lignes qui ne cessent de sentrecroiser au gré des expositions des colloques et rencontres et de nos partenariats académiques et culturels : la réflexion autour du corps de lartiste qui interroge la notion historique, de performance, le questionnement appelé contrat social qui revisite la notion dengagement et de « situation » au sens sartrien du terme y compris dans les pires situations géopolitiques et enfin imprimer qui se joue lui aussi des frontières disciplinaires cette fois pour éprouver celles des métiers dart avec le livre dartiste et son édition ou celles de lart contemporain et sa sémiologie en explorant les nouvelles métamorphoses du graphisme. Quil sagisse donc ici de sinterroger sur le rôle de lartiste dans les crises du monde ou des possibiltés contemporaines de sassumer comme corps ou encore de bousculer les antiques ordonnances disciplinaires qui distinguait en séparant art et art graphique, «Fronts et Frontières» permet à lélève dès le second cycle de ses études de cultiver ce que Michel Foucault appelait une «saine inquiétude».
2 - LA FABRIQUE CULTURELLE
La seconde priorité de létablissement correspond
à lidéal que les merveilleuses utopies du Bauhaus à celles de Black Forest Mountain ont bâti celle qui consiste
à mettre au plus tôt lélève en capacité de produire et montrer.
De multiples partenariats solides ont été passés avec des musées, des centres dart, des collectivités locales, des gestionnaires publics et privés de lespace urbain, nous permettant dafficher soit par les manifestations que nous organisons, soit en répondant à des demandes toujours plus nombreuses, une réelle présence culturelle territoriale. Présence qui ,outre son importante traduction médiatique et publique, permet à nos anciens élèves dassumer de fructueux «premiers pas» et à nos étudiants de sessayer à ce qui fera bientôt leur quotidien professionnel. Soucis de visibilité et devoir dinsertion professionnelle trouvant bien dans cette «fabrique culturelle»
une puissante coïncidence.
3 - UNE « ÉCOLE-MONDE »
Enfin le troisième objectif de notre projet détablissement est dancrer lISBA dans une authentique culture internationale. Ceci suppose de développer nos partenariats Erasmus (plus de trente aujourdhui dûment évalués tous les ans par un enseignant coordinateur et le service compétent) mais aussi délargir et dapprofondir notre périmètre de coopération culturelle, pédagogique et de recherche-création en cultivant des relations étroites et privilégiées avec des pays tels la Grèce, le Japon,
le Bangladesh ou la Côte dIvoire et le Maghreb, quittant la sacro sainte trinité trop souvent exclusive de Londres, Berlin et New York. Dans le même esprit une résidence internationale dartistes a été créée voici huit ans et nous permet daccueillir quatre ou cinq jeunes artistes du monde par an qui vivent et créent parmi nos élèves.Cette culture internationale de lécole leur doit beaucoup comme à lorigine nationale ou au statut binational de nombreux enseignants.Il est aussi indéniable que notre statut transfrontalier avec la Suisse avec laquelle nous entretenons des partenariats réguliers qui excèdent les seules écoles corrobore cette réputation décole monde qui fait notre fierté. Ainsi lISBA par son projet détablissement affirme-t-elle une originalité qui lui permet, forte de ses deux cent cinquante étudiants et de son bâtiment moderniste envié conçu par José Luis Sert, de jouer
à plein son rôle dans la Grande région Bourgogne Franche- Comté avec ses partenaires et amis de Châlon, Dijon
et des deux dynamiques classes péparatoires publiques de Beaune et Belfort. En passe de constituer formellement une plateforme denseignement et de recherche en arts visuels, graphisme et design, intégrer lISBA est tout sauf emprunter un cul de sac mais au contraire shabituer à devenir acteur dune formation de haut niveau en
un authentique archipel de spécialités.
Laurent Devèze