DU MARDI 4 AU JEUDI 6 AVRIL 2017.
ISBA, L’entrepôt.
Artistes :
Jay Fox, Alexandra Guffroy, Ran Liu, Marc Batifouyé, Jérémy Ménagé, Elie Scholer, Sonia Lalaoui, Ninna Sanchez, Geoffroy Badel, Omar Chabiky, Baptiste Roca, Sabrina Mellikèche, Jonas Burgunter, Valentin François, Pauline Faivre, Zélie Gillet, Solène Collin, Elisa Bodet, Claude Boudeau, Mathieu Venagel, Léa Jullien, Eline, Clémence Rousseau, Marius Loris, Samuel Kawakita, Quentin Lacroix, Leeds Chabert, Benjamin Grivot, Clara Vidal Rosset, Benjamin Keller, Benjamin Moutte, Julie Le Toquin, Damien Rouxel, Léa Puissant, Alexander Chavez, Habdaphaï, Andreas Pashias, Nicolina Stylianou, Amina Dzjumaev, Yolande Mija, Kaeto Sweeney, Angela Jimenez Duran, Roxanne Leroy, Florent Audoye, Polina Khatenko, Aliaksandra Yakoubouskaya, Jana Koroleva, Daria Roik, Iva Polakova, Martin Marek, Stepan Kovar, Ivana Zochova, Aleksandr Bondar, Mischa Sanders, Julien Bourgain, Anaïs Pinay, Géraldine Bach, Mélanie Gobet, Marie Goursseyrol, Marie Reusser, Jazmin Taco, Désiré Amani, Alizée Rose-May, Judith Juillerat, Tugba Varol.
Commissariat : Julien Cadoret
Co-Commissariat : Louise Vanardois
Commissariat associé : ONE + ONE, Pôle de recherche "Le corps de l’artiste".
Graphisme : Guillaume André.
Structure associée : Burgundy School of Business Dijon, Section Management Culturel International.
Excentricités VIII : Corps désirants / Corps délirants
Du marbre du Bernin aux femmes « hystériques » honteusement exhibées par Charcot, du Mercure poly-phallique aux érections saisies par l’objectif de Mapplethorpe le corps délirant-désirant ne cesse de hanter l’imaginaire des artistes et, de poncifs en révélations, de justesses en caricatures, de dessiner une vaste toile de fond où le sens et les sens se perdent volontiers.
Or la performance et son lot protéiformes d’expérimentations « au plus près du corps » ne pouvait pas ne pas s’interroger sur cette convulsion, sur ce délire qui, comme le dit Socrate dans son Banquet, n’est peut-être pas tant à mater qu’à comprendre.
Le délire, la possession sexuelle, l’accomplissement amoureux font sens et l’arrivée tonitruante du bel Alcibiade ne dément pas tant le fameux symposium qu’il ne le conclut en l’ouvrant sur ces folles perspectives dionysiaques que n’aurait pas désavouées Nietzsche.
Part maudite trop souvent cachée comme prétendument honteuse ou « ob-scène », cette chair tendue vers la satisfaction ou l’ivresse d’un bonheur rêvé s’embrase non dans quelques délires marginaux mais bien dans la compréhension de ce qui fait notre être lui-même.
Cette année encore, avec ce thème, hélas encore perçu comme sulfureux, les Excentricités démontrent que leur périphérie est au centre même de nos préoccupations.
Des créateurs émergents ou confirmés vont se produire se dévoiler devant vous tous au sens de l’antique « alethéia » qui en un geste donnait à voir les formes du marbre mais, dans les conditions de ce surgissement l’animait aussi, le faisant vivant en somme.
Ici ou là, à l’ISBA comme à l’Entrepôt, des œuvres incarnées se risqueront à vous adresser cette parole toujours déjà empêchée ou jugée.
Mais saurons-nous entendre encore ces questions murmurées sur la fugacité du désir, sur la difficulté de muer notre corps en membrane poreuse et non en citadelle ? En zone de contact et de reconnaissance et non en frontière épidermique ? Sommes-nous encore capables de nous reconnaître dans ses doutes sur notre identité sexuelle, ou ses tentatives désespérées d’un corps pour « se faire entendre » ?
Rien n’est moins sûr, dans ce monde de tartuffes où les condamnations morales quand elles ne sont pas juridiques sont aussi promptes et aussi nombreuses que les connexions nocturnes sur les sites pornographiques qui peuplent le net…
Les Excentricités en cette huitième édition invitent donc artistes émergents comme les praticiens reconnus de Grèce, du Costa Rica, de Chine, de République Tchèque, de Suisse et d’ailleurs, comme de nombreuses écoles d’art françaises et universités ou conservatoires partenaires, à renouer avec cette interrogation qui hantait les Anciens ne sommes-nous pas nous-mêmes quand on perd la tête ?
L’Acéphale cher à Bataille a la vertu en lui de ne pas museler son corps et de le laisser dire ; et que son récit soit fragmentaire comme chez Barthes, ou prenne la forme d’un « ça parle » comme chez Lacan, ou encore l’apparence tonitruante d’une vocifération désespérée/exaspérée comme chez Julien Blaine, notre parrain d’aujourd’hui, importe sans doute moins, en effet, que la générosité d’une telle expérience collective.
Oser. Oser créer en acceptant de ne pas tout contrôler de sa création et ce non par facilité (quelle erreur !) mais pour mieux l’assumer toute entière, oser présupposer chez le public une générosité symétrique en forme de reconnaissance et de partage tel est le mystère que l’initié de retour d’Eleusis peut proclamer en avouant son amour à Socrate tout en renversant le mobilier et les paroles trop huilées sur son passage.
Titubant, désirant et délirant, il est en droit de le proclamer à tous les invités du festin : « vous pouvez vous moquer de l’homme ivre mais je dis la vérité ».
Merci à notre « parrain 2017 » Julien Blaine, au commissaire Julien Cadoret brillamment assisté de Louise Varnadois, à Michel Collet et Valentine Verhaeghe ainsi qu’à tous les chercheurs étudiants et professeurs de notre unité de recherche Fronts et frontières dans sa déclinaison le Corps de l’Artiste, à l’association bourguignonne ONE + ONE à l’amie Aurore Desprès et au département allié Lettres et Arts de l‘Université de Franche Comté, au Conservatoire de théâtre de Besançon et à l’aide précieuse pour la communication des étudiants de la Business School of Burgundy ainsi qu’ à l’Entrepôt et au Crous nos chaleureux partenaires.
Enfin, comment ne pas saluer la participation d’Epitelesis d’Andreas Pashias notre compagnon de route homérique !
LD.
Programme :