du 12 janvier au 05 février 2011 - Grande Galerie
Une exposition de Thomas Hirschhorn est toujours un événement dans le monde de l’art contemporain. Artiste suisse majeur, il est fêté et exposé aux quatre coins de la planète et est, à n’en point douter, une des figure de proue de la création aujourd’hui. C’est donc pour une école d’art une chance inespérée d’avoir en ses murs un artiste d’un tel renom, capable de fédérer les plus belles énergies parmi nos élèves.
Cette exposition, version élargie de celle présentée au Centre National de l’Estampe et de l’Art Imprimé (CNEAI) en septembre dernier, est d’autant plus exceptionnelle, qu’elle est peut être la plus intime jamais réalisée par Hirschhorn, puisqu’il s’agit pour lui d’honorer à travers les arts visuels son ami de vingt ans, le poète Manuel Joseph. Or, le challenge est d’importance : comment les arts visuels peuvent ils permettre « un voyage à travers l’écriture » ? Comment un plasticien peut il rendre compte de la passion poétique qui habite le poète ?
L’ERBA a développé depuis des années, notamment dans son partenariat avec le CNEAI, une réflexion autour de la poésie, de la démarche poétique et de cette identité d’ambition qui lie l’écrivain et l’artiste visuel dans une création, qui reste aujourd’hui un combat avec la matière comme avec les mots.
Ce que Thomas Hirschhorn veut nous donner à voir et à saisir c’est l’identité d’engagement qu’il partage avec son frère en création. Car on ne joue pas au poète, la publication elle même est loin de suffire à légitimer l’entreprise, on « fait » en un labeur exigeant et acharné de la poésie, tout comme on ne fait pas l’artiste en adoptant une quelconque posture mondaine, mais on crée patiemment et avec ardeur de l’art. Ce n’est qu’alors dans ces ouvrages même qu’on vit et meurt artiste.
Rendre une telle idée est une prouesse que ce grand démiurge a réussie en imaginant nous faire pénétrer dans les méandres même du cerveau de l’homme qui lit, de l’homme qui écrit. Véritablement « inspirée » cette exposition est une sorte d’initiation ouverte à tous au mystère de la création, mystère qui suppose qu’on saisisse toute l’âpreté et toute l’intransigeance que suppose la décision de créer.