Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
Anne Zimmermann - Peau et truie.

Anne Zimmerman ne perfore pas, elle embrasse.

En effet, avec une telle artiste, nous n’assistons pas à proprement parler à une performante extérieure, pas plus que nous n’assistons à la préparation de nos déjeuners dominicaux en ethnographe, ni ne sommes seulement public du déshabillage de l’être aimé lorsqu’il s’apprête à nous rejoindre au lit : nous ne sommes jamais complètement, sauf détresse extrême ou pathologie lourde, spectateur de notre propre vie.

Or, cette créatrice ne cesse de nous tendre un miroir, d’instaurer entre nous et elle une intimité qu’une gestuelle extravagante ne saurait trop masquer longtemps. Combien de souvenirs de tartines de confiture derrière ce miel aspergé fébrilement ? Et quelle main farineuse se love derrière ce nuage blanc grotesque ? La cuisine-prison des pauvres gens dont parlait Léo Ferré avec tendresse, retrouve ici, en d’étranges sollicitations de notre mémoire, l’odeur du gâteau d’anniversaire qui cuisait tendrement au four. Anne tournoie dans cette succession de repas de dimanche et de tabliers noués à la hâte, elle crie dans l’effroyable ennui des après-midi sans écoles lorsque de villages en banlieues l’enfant, le bien-nommé, assisté, sans parole, au grand naufrage du monde infini.
Rien n’arrive vraiment dans l’univers de cette femme qui s’empiffre sinon le refrain aux accents pathétiques de notre désir de plaire : m’aimeras-tu turlututu, et, de régimes en rides mal masquées, la petite vie de tout le monde s’enfuit inexorablement vers un Chronos insatiable qui est, lui, hélas pour notre finitude, sans soucis diététique.


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